C'est en 1275 que la première trace écrite de l'existence d'un beffroi à Doullens est relevée, il se trouvait à l'angle des rues Pont-Maurice et Pont-à-l'Avoine. A quelques encablures, rue du Bourg, se trouve la tour seigneuriale des Comtes de Ponthieu. Peut-être par jalousie ou pour remettre à sa place un pouvoir communal trop fier, ce donjon se voit rehaussé d'un étage en 1328 afin de marquer la supériorité seigneuriale. Ironie du sort, lorsque les seigneurs investissent dans la construction d'un nouveau château, les échevins se portent acquéreurs de la châtellenie avec pour intention d'en faire leur maison commune, le donjon devient beffroi en 1363. Il faut dire que cette année là, le Roi accorde à Doullens le droit de posséder une prison et des cloches communales. Le saccage de la ville par les Espagnols en 1595 puis le terrible brasier de 1613 réduisent l'ensemble à néant, les archives de la ville et plus de 70 maisons partent également en fumée. Mais la reconstruction s'engage rapidement et aboutit à la tour que nous connaissons aujourd'hui. A cette occasion, une trappe permettant aux prisonniers de suivre les messes de la chapelle est installée. Le haut de la tour est également aménagé pour permettre l'installation de guetteurs qui y resteront jusqu'au XVIIIe siècle. En 1635, ces guetteurs doivent s’accommoder d'une nouvelle compagnie, Jeanne, un bourdon fondu en 1541. Les espagnols l'ont prise à Auxi-le-Château mais le gouverneur de Doullens intercepte le convoi et se fait remettre la cloche. Des personnages importants viennent visiter le beffroi, comme le Cardinal de Richelieu pendant le siège d'Arras en 1640 ou encore Louis XIV accompagné du Dauphin qui y séjournent le 1er avril 1678.
Lors de Révolution française, les fenêtres du premier étage de la maison commune sont murées et c'est en 1860-61 que des travaux de restauration affinent la silhouette du beffroi (suppression d'un mur de refend) et qu'une horloge est installée.