Beffroi de Bergues

La girouette

La girouette du beffroi de Bergues est un lion issu des armoiries du Comte de Flandres. Cet animal, perçu comme courageux et noble grâce aux romans de chevalerie, devient l’emblème de nombreux suzerains et de la Flandre. Il adopte ici une posture guerrière avec une lance tendue devant lui, symbolisant à merveille la devise de la Cité « Ni plier ni rompre ». Surnommé Nicolas, il fût remplacé lors de la Révolution française par un bonnet phrygien accompagné d’une pique et d’un drapeau.


Un architecte confiant

Construit juste après la prise de Bergues par les français en 1383, le beffroi faisait l'admiration de tous. La finesse de la tour, les splendides échauguettes et la richesse ornementale en faisait l'un des plus beaux de France. Une légende raconte que l'architecte aurait fui la ville sans se retourner après avoir été payé... de peur de voir l'édifice s'écrouler. Cette oeuvre de 51 mètres de haut était alors construite sans contreforts, une performance pour l'époque.


Quand les cloches aident les historiens...

Des doutes persistaient quand à la date de construction du beffroi de Bergues détruit au cours de la seconde Guerre Mondiale. Les cloches sont venues au secours des historiens, puisqu’une des cloches du carillon portait l’inscription suivante : « Année 1782 ; mon nom est cloche du Ban ; tel était aussi le nom de ma mère âgée de 222 ans et de ma grand-mère âgée de 177 ans ». Cette cloche trois fois refondue, nous amène donc à 1383. Il est donc fort probable que le beffroi fût l’un des premiers bâtiments reconstruits après les multiples incendies ordonnés par Charles VI en 1383.


Adalbert Carrière, carillonneur et grand oncle de Dany Boon

Adalbert, fils d'Arsène Carrière, tailleur à Bergues, et d'Alice, mère au foyer, a 7 ans lorsqu'il débute le solfège et le violon le jeudi après-midi. Puis ce mélomane précoce se met au piano, à l'orgue et au carillon. "Monsieur Nicolas, mon professeur de musique, qui était carillonneur et organiste à l'abbaye de Lille et à Bergues, est à l'origine de ma vocation", précise-t-il. Quand Paul Nicolas décide de passer la main, son successeur est tout trouvé. A 14 ans, Adalbert devient le plus jeune carillonneur de France. En fait foi ce document daté du 1er novembre 1934, signé de la main du maire de Bergues: "Considérant que le jeune Carrière Adalbert fait preuve de dispositions naturelles pour jouer au clavier, qu'il est du devoir de la municipalité et de son intérêt d'aider ce jeune Berguois à se perfectionner dans cet art, il est décidé que monsieur Carrière Adalbert est nommé carillonneur officiel de Bergues et jouira d'une traite annuelle de 600 francs." Une traite qui ne lui permet pas de vivre. Le musicien doit donc travailler dans une quincaillerie. "Le carillon, cela ne nourrissait pas son homme", se souvient-il.

A la Libération, le couple s'installe à Bergues mais, effroi, le beffroi a été dynamité, et le carillon avec. Quinze ans de reconstruction, quinze ans passés à carillonner de l'autre côté de la frontière, à Malines. L'année 1961 sonne les retrouvailles d'Adalbert et de son beffroi. "Avec un carillon flambant neuf qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin de ma carrière." Si Adalbert a cessé de compter les Marche Nuptiale et les Ave Maria joués à Bergues pour les mariages et les enterrements, et les ritournelles carillonnées les lundi matin de marché, il sait parfaitement le nombre de cloches que contient son instrument: "50!" s'exclame-t-il.